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  Septembre 2005
     

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Valeur ajoutée et système d'information (1/2)

Par Nicolas Humeau

 
   

 

À débat complexe, solutions toutes faîtes ?

À la fin des années 1980, le prix Nobel d'économie Robert M. Solow énonça le paradoxe selon lequel les investissements informatiques des quinze années précédentes, bien que motivés par la recherche de gains de productivité, n'avaient pas prouvé leur efficacité. Sur une période de temps semblable, d'autres gisements de productivité auraient par le passé suscité de véritables révolutions industrielles, déterminant des cycles de croissance économique. Nicholas Carr (2004) a récemment relancé le débat de la valeur ajoutée informatique, dont la difficulté est de ne trouver réponse ni dans des prises de position subjectives, ni dans des outils de calcul prétendant à l'objectivité, ni dans le recours aveugle à l'externalisation de tout ou partie du système d'information.

1ère partie

L'externalisation étant de plus en plus fréquemment adoptée, nous débutons par son analyse. Nous proposons ensuite une définition rigoureuse du processus de création de valeur par le système d'information. Le mois prochain, nous confronterons cette définition à deux approches éprouvées de la création de valeur, avant de conclure sur l'importance des notions de subjectivité et de mesure.

L'externalisation pose plus de questions qu'elle n'apporte de réponses

L'externalisation informatique n'est un moyen certain de créer de la valeur que par la maximisation des composantes de la valeur actionnariale, en agissant sur la rentabilité des capitaux investis. Externaliser permet de générer un revenu d'exploitation structurellement plus élevé en "immobilisant" moins et donc en diminuant les dotations aux amortissements. Cela suppose néanmoins d'avoir étudié de quelle manière la valeur était générée par le système d'information (ce qui peut fortement varier d'un secteur d'activité à un autre, ainsi qu'en attestent les référentiels sectoriels sur lesquels reposent les progiciels de gestion intégrée), et d'avoir traduit ces observations en analyse bilantielle.

Autre question ouverte par le recours croissant à l'externalisation de tout ou partie du système d'information : la place de celui-ci dans l'entreprise étendue. L'externalisation informatique offre en effet de multiples visages, qui sont autant de réinterrogations de la nécessité de maîtriser telle ou telle partie de la chaîne de valeur. Offshore, l'externalisation est confiée à un prestataire physiquement éloigné du commanditaire. Inshore (certains ajoutent la distinction nearshore), elle peut être confiée à une société qui occupe la même tour de bureaux. Onshore, la prestation peut être délivrée dans les locaux mêmes du commanditaire, et fréquemment par ses ex-employés, pour qui seul change l'employeur. Se pose alors la question du degré de contrôle qu'il est souhaitable d'exercer - physiquement ou à distance, mais toujours dans le cadre d'engagements de service (SLA, service level agreements) - sur telle ou telle partie jugée stratégique, car créatrice de valeur, du système d'information.

Externaliser est donc une solution à certains aspects financiers du dilemme de la création de valeur par le système d'information. Toutefois, que l'on ait ou non recours à une sous-traitance intégrale (cas de plus en plus fréquent, contrebalancé par quelques mouvements de réinternalisation, comme chez Boursorama), l'externalisation reste un pari managérial sur le solde de valeur créée in fine.

Définir la création de valeur par le système d'information

La création de valeur par le système d'information nous semble devoir être définie dans la continuité des logiques proposées par le contrôle de gestion, qui singularise les concepts d'efficacité et d'efficience, et pose la question de leur mesure respective. Nous proposons trois définitions, de granularité croissante, de la création de valeur par le système d'information.

On définira tout d'abord la création de valeur de manière très globale, renvoyant ainsi à la seule notion d'efficacité. On pourra par exemple dire de la création de valeur qu'elle consiste à atteindre un objectif donné pour supérieur à la situation d'origine par le commanditaire de l'action. En effet, la création de valeur est avant tout la mesure d'un écart entre l'input d'un processus, et l'output qui lui est jugé supérieur. Plus l'output sera conforme à la volonté de progrès initiale, plus la valeur créée sera grande. À ce premier niveau se pose déjà la question de la mesure. À gros grains, la mesure de la valeur ajoutée peut trouver à s'exprimer dans le modèle QCD (qualité - coûts - délais).

D'où notre première définition de la création de valeur par le système d'information :

"La création de valeur par le système d'information est la contribution significative de celui-ci à l'atteinte d'un objectif organisationnel donné pour supérieur à la situation d'origine, mesurable par analyse d'écart entre les qualité, coûts et délais attendus et réalisés".

À ce niveau de granularité, la valeur ajoutée est une efficacité qui se mesure a posteriori, selon les trois dimensions du modèle QCD. Elle prend une dimension " informatique " dès lors que cet outil apporte une contribution significative à l'atteinte de l'objectif. D'où notre souci de caractériser cette contribution.

La logique de création de valeur se complexifie ensuite en prenant deux directions complémentaires :

- une répétitivité, qui implique qu'à input égal, la valeur de l'output soit constante ;

- une meilleure caractérisation de cette valeur, qui suppose l'adoption d'une granularité plus fine, et mobilise alors une segmentation entre valeur financière, sociale, etc.

D'où notre deuxième définition de la création de valeur par le système d'information :

"La création de valeur par le système d'information est la contribution significative de celui-ci à l'atteinte répétée d'un objectif organisationnel donné pour supérieur à la situation d'origine, mesurable par analyse d'écart entre l'attendu et le réalisé de multiples facteurs (humains, technologiques, sociaux, financiers), internes comme externes à l'organisation".

À ce niveau de granularité, la création de valeur par le système d'information est une efficacité qui se maîtrise ex-ante et se mesure ex-post selon plusieurs axes.

Enfin, la logique de valeur ajoutée culmine lorsque l'on y introduit l'efficience, qui intègre les contraintes d'optimisation des ressources impliquées dans l'atteinte des objectifs et dans leur mesure. À ce niveau de granularité, la création de valeur est un continuum multicritères qui procède par ajustements successifs entre la détermination des objectifs, la mise en place des processus informatisés permettant leur réalisation, l'optimisation des inputs qui y entrent et la mesure des outputs qui en sortent.

Notre proposons donc comme définition finale de la création de valeur par le système d'information :

"La création de valeur par le système d'information est la contribution significative et optimale de celui-ci à la détermination d'objectifs, la mise en place des processus supports de leur réalisation, la mobilisation de ressources servant d'inputs à ces derniers, permettant l'atteinte répétée d'un output donné pour supérieur, mesurable par analyse d'écart entre un attendu et un réalisé pluridimensionnels et multicritères".

[Fin de la première partie]

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Pour en savoir plus

Dans le 360Journal

ROI des projets e-business : entre nécessité économique et impasse méthodologique


Ailleurs sur le Web

Association Française pour l'Analyse de la Valeur (AFAV)

Réinternalisation : opération sensible !
- Journal du Net Solutions, mai 2005

Calling a Change in the Outsourcing Market
- Deloitte Consulting, avril 2005

IT Performance Scorecards
- Booz Allen Hamilton via CIO.com, novembre 2004

Références bibliographiques

Does IT Matter?
- Carr N., Boston, Havard Business School Press, avril 2004

Finance d'entreprise
- Vernimmen P., Dalloz, 2005

Intranet-Management - Humeau (N.), Economica, Janvier 2005

Communications

Bely J., Boulnois J.L. et Rao J., "Aligner action et stratégie grâce à la supra-mesure", L'Expansion Management Review, décembre 2003, p. 90 - 96

Prahalad C.K. et Ramaswamy V., "The New Frontier of Experience Innovation", MIT Sloan management review, vol. 44, n°4, 2003, p. 12 - 18


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