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  Novembre 2004
     

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Weblogs et wikis : peu d’innovation, beaucoup de valeur ajoutée

 
 
   


Par
Nicolas Humeau

L’année 2004 a vu la popularisation d’une expression nouvelle dans l’environnement Web : « blogger ». Le blogging entraîne dans son sillage les multiples espoirs d’internautes - et, plus récemment, d’intranautes - à la recherche d’une nouvelle dynamique d’expression. Réputé facile d’emploi et plus interactif que le site web traditionnel, le weblog semble aujourd’hui constituer le nouvel horizon de l’expression en ligne. En juin 2004, le National Institute for Technology and Liberal Education chiffrait les bloggers américains à entre deux et huit millions d’individus. Moins connu du grand public, le wiki, doté de fonctionnalités avancées de publication collaborative, participe lui aussi de la marche vers ce nouvel horizon.

Quelle est la valeur ajoutée de ces outils ? Sont-ils aussi innovants que l’engouement qu’ils suscitent pourrait le laisser penser ? Un premier bilan est aujourd’hui possible.

Qu’est-ce qu’un weblog ? Qu’est-ce qu’un wiki ?

Les weblogs (blogs, ou « carnets web ») sont des pages web dont l’organisation et l’alimentation en contenus ont été considérablement simplifiées. Les contributions de chacun y apparaissent par ordre chronologique, comme dans un forum. La règle veut que ces contributions restent courtes et se répondent ou pratiquent la citation croisée. Les échanges sont par définition personnalisés, ce qui permet de contextualiser les prises de parole. Ainsi, le créateur d’un blog affiche-t-il sa photo, ses centres d’intérêts, son activité professionnelle, etc.

Les sociétés MovableType et Blogger proposent par exemple des outils de blogging. Des annuaires, dont le plus connu est Technorati, se constituent.

Les wikis (d’une expression hawaïenne, « wikiwiki », qui signifie « aller vite ») sont des sites dont chaque page est rendue dynamique individuellement. Le droit d’administration dont dispose le participant est donc théoriquement absolu, que ce soit en largeur (toutes les pages sont administrables une à une, généralement en cliquant sur une mention de type « modifier »), ou en profondeur (les droits attachés à cette administration sont totaux, en lecture, édition et suppression).

La société Twiki est l’un des acteurs de ce marché. En termes d’applications, le projet de publication collaborative le plus abouti - sur le Web - est certainement l’encyclopédie Wikipedia.

Le blog : quelle valeur ajoutée ?

Techniquement, le blog est une fausse innovation car il s’agit en fait d’une synthèse intelligente entre les avantages d’un forum et ceux d’une page web traditionnelle. Fonctionnellement, le blog est réellement innovant pour l’utilisateur, car l’architecture de l’information (une contribution / un commentaire) permet de mieux ressentir la réalité de l’échange, tandis que l’ergonomie simplifiée offre un système de publication clé-en-main. Mais, plus encore, la valeur ajoutée spécifique du blog par rapport à des outils existants comme les forums réside dans la capacité à juger de la qualité de l’information délivrée. Personnalisé, le blog engage la crédibilité de son créateur, permettant à la communauté des lecteurs de s’en faire une opinion.

Les professionnels (principalement anglo-saxons) s’équipent de cet outil plus opérationnel que la publication intranet traditionnelle. Ils y trouvent par ailleurs une logique de gestion des connaissances des collaborateurs plus participative (bottom-up) que directive (top-down). L’expression étant plus libre sur un blog, c’est aussi un excellent moyen de prendre le pouls d’un corps social. Ainsi, le blogging académique se développe rapidement dans les établissements d’enseignement américains. Les Reedie Journals du Reed College, en Oregon, sont un exemple fréquemment cité. Pour la communauté enseignante, il s’agit d’un moyen de garder le contact avec ses élèves, de mieux contextualiser ses cours, et de valoriser son travail à l’extérieur. Pour la communauté étudiante, c’est avant tout un moyen d’expression individuelle, à l’image du blogging Internet, qui profite à l’établissement de formation pratiquant une veille active sur les publications de ses étudiants, et recueillant de précieuses informations sur le climat social, ou la perception du corps enseignant.

Le wiki : quelle valeur ajoutée ?

Par rapport au blog, la liberté offerte par le wiki est plus grande, car rien n’oblige à publier les commentaires dans l’ordre chronologique. Aucun formalisme n’est imposé. À l’inverse, l’utilisation est plus contraignante, car il faut rester attentif à la manière dont on va disposer de cette liberté. Il faut réfléchir à la mise en page, et soigner le contenu. En effet, dans un blog, chaque contribution vaut pour elle même, et un oubli dans une contribution peut être réparé dans une autre. De même, une « coquille » attire peu l’attention. Dans un wiki, chaque intervention capitalise potentiellement sur la précédente, et il faut donc tout à la fois veiller à se montrer exhaustif (faute de quoi l’information n’apparaîtra nulle part ailleurs) et soigneux (faute de quoi le contenu sera jugé négativement par les autres participants).

D’ailleurs, pour contrebalancer d’éventuelles dérives, deux sécurités existent : les modifications apportées sont rattachées à un nom d’utilisateur, et la solution garde l’historique des interventions, de manière à pouvoir revenir en arrière à tout moment. Cette dernière fonction présente par ailleurs l’intérêt de permettre l’analyse des modes d’interactions dans la création de contenu numérique au sein d’une équipe.

Techniquement et fonctionnellement, le wiki semble plus innovant, quoique moins répandu, ou en tout cas moins visible, que le blog. Tous deux incarnent une voie médiane entre les sites web d’information dont la crédibilité est maximale, mais l’interactivité limitée (exemple : les sites des médias hors ligne comme CNN) et les forums usenet dont l’interactivité est maximale, mais la crédibilité limitée.

Quelles utilisations dans le monde professionnel ?

Si un blog ne peut qu‘imparfaitement se substituer à un intranet (sa structure de présentation ne l’y autorise pas), un wiki peut tout à fait remplir ce rôle. Le wiki étant un mode d’administration particulier d’un intranet, il est même envisageable de le rendre transparent à la majorité des utilisateurs. Il suffit pour cela de contourner quelque peu la règle d’origine qui veut que tout intranaute soit un administrateur potentiel, en allouant ce droit à une partie d’entre eux seulement. En fonction de la granularité à laquelle on place le curseur, le wiki peut donc passer du statut d’intranet collaboratif à celui de simple interface d’administration.

Pour illustrer les places respectives de ces deux outils, le groupe Disney fait figure de pionnier. Une multitude de blogs et wikis professionnels y sont aujourd’hui en opération. Les blogs ciblent différentes communautés d’utilisateurs ayant besoin d’échanger efficacement et rapidement de l’information en mode projet. Les collaborateurs effectuant des travaux postés par roulements de 24 heures bénéficient par exemple d’un blog spécifique, leur permettant de se transmettre aisément les consignes. Quant aux wikis, ils supportent l’information à plus longue durée de vie, et constituent donc un canal complémentaire. Ces vecteurs ont désormais pour vocation de constituer les fondements même de l’intranet Disney, supplantant progressivement les autres modes de publication de contenu.

A l’extérieur des entreprises, le blogging est également utilisé pour entretenir un dialogue concret avec les candidats. Une information plus ouverte et mieux qualifiée augmente en effet la pertinence des rapprochements entre la demande et l’offre de compétences. Ces rapprochements prennent potentiellement trois formes : la consultation par les candidats des blogs des employés de l’entreprise, la consultation par l’entreprise des blogs des candidats, le dialogue sur un blog dédié au recrutement (« blog d’emploi »). Les blogs d’emploi peuvent être généralistes (exemple : le blog du site CarrièreOnline) ou propriétaires à l’entreprise (exemple : le blog du service marketing de Microsoft).

Avec la croissance de ces nouveaux modes de publication, des questions juridiques apparaissent toutefois, qui tempèrent l’ardeur des utilisateurs. Aux Etats-Unis, des cas d’employés licenciés pour faute du fait d’un blogging jugé non compatible avec leurs obligations professionnelles ont été signalés (Delta Airlines, mais aussi Microsoft, ce qui prouve qu’un encadrement de pratiques par ailleurs encouragées reste nécessaire). En France, les mêmes questions se posent désormais, préventivement, pour les salariés du secteur privé et du secteur public. Peut-être faut-il y voir le signe ultime d’une vraie révolution, le contenu électronique s’affranchissant désormais des frontières sociales, économiques et juridiques - voire morales - régissant le monde physique ?

 
 
 
Liens


Entreprises citées

National Institute for Technology and Liberal Education

Movable Type

Blogger

Technocrati

Twiki

Wikipedia

Reedie Journals

Disney

Carriereonline

Microsoft Blog

Delta Airlines


Articles

Et les fonctionnaires, est-ce qu’ils peuvent blogger, eux ?Juriscom.net, Novembre 2004

12.000 nouveaux blogs lancés chaque jour dans le mondeJournal du Net, Octobre 2004

Les sociétés américaines éditent plusieurs milliers de blogsJournal du Net, Octobre 2004

Les pages perso sont l’œuvre de leur publicFondation Internet Nouvelle Génération, Avril 2004

Les entreprises s'approprient les weblogsVNUNet, Avril 2004

Wicked (Good) WikisDarwin Magazine, February 2004

Wiki, le summum du collaboratifJournal du Management, Novembre 2003

Microsoft fires worker over weblogSeattle Post, October 2003

Management by Blog?Business2.0, April 2003

Les Blogs, nouvel eldorado du WebLa Tribune, 24 Novembre 2004


Livres

Blog Story - C. Fievet et E.Turrettini, Paris, Editions d'Organisation, octobre 2004


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