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  Novembre 2002
     

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Vers un retour en grâce de l'intermédiation financière ?

 
 
   
 
   


Par Cyril Demaria et
Laurent Kretzschmar

L’aventure du trading en ligne est représentative du séisme qui a frappé la finance personnelle avec l’essor des nouveaux moyens de communication. Internet a suscité chez les particuliers des vocations de courtiers, intervenant sans préparation sur les marchés de valeurs technologiques et de produits dérivés très volatiles. C’était oublier un peu vite que cette brusque désintermédiation a eu pour effet de supprimer les filtres d’analyse traditionnels, notamment celui du banquier sachant cerner le profil d’aversion au risque de sa clientèle et bénéficiant de ressources internes lui permettant de lire entre les lignes des rapports d’analystes. Les marchés financiers se sont retournés et monsieur-tout-le-monde s’est aperçu qu’il avait perdu son argent en se fiant à des rumeurs, un semblant de bon sens et en suivant les recommandations d’analystes dont il n’avait pas lu les notes de recherche. Les petits porteurs se sont alors mis en tête de chercher un coupable et d’attaquer les banques d’affaires à l’origine des recommandations ayant porté le mouvement haussier.

L’histoire aurait pu s’arrêter là et se limiter à des dégâts finalement circonscrits. Mais cette croyance aveugle dans la valeur du jugement individuel devenu irrationnel a aussi saisi les détenteurs de gros patrimoines. L’impact, moins médiatique cette fois, a sans doute été plus grave, car profond et durable. Les high net worth individuals, grâce au succès des sociétés hi-tech en bourse, se sont mis en tête, sur la base de la valeur de leurs actions, d’investir en direct dans des fonds de capital-risque ou de jouer les business angels. Ils ont, à l’inverse des épargnants de 1929 qui empruntaient pour investir en Bourse, nourri la bulle du secteur non coté, par définition illiquide, en investissant le produit anticipé et finalement non réalisé de la vente de valeurs mobilières volatiles. En court-circuitant la chaîne traditionnelle de l’intermédiation ils se sont exposés inconsidérément au brusque retournement du marché.

Ce faisant, c’est l’économie délicate du secteur non coté qui s’en est trouvée menacée. Le marché du capital-investissement, autrefois réservé de facto à un nombre limité de professionnels avertis, a bénéficié d’un brusque afflux de liquidités. Le financement de l’innovation et les fonds de capital-risque ont largement bénéficié de cette manne, encouragée par les autorités, sans pour autant utiliser les relais traditionnels : il s’agissait pour le particulier fortuné de « remonter à la source » de la plus-value. Cette nouvelle catégorie d’investisseurs n’a, elle non plus, pas su « lire entre les lignes » de l’investissement non coté et n’a pas tenu compte des horizons divergents de ses investissements et de ses sources de liquidité. La chute des valeurs technologiques et la fermeture de la fenêtre d’introductions en bourse ont poussé les sociétés, et donc les fonds de capital-risque, à différer leur liquidité et à poursuivre leurs appels de capital. A court de liquidités, les actionnaires individuels ont été incapables de faire face à ces échéances.

Il existe pourtant des moyens de se garder de l’illusion de la gestion directe sans revenir à une pratique passéiste de l’intermédiation. Autrefois synonyme d’éparpillement des services et de cloisonnement des compétences, l’intermédiation financière associait des produits uniformes peu attractifs à des conseils de base et peu personnalisés. Désormais, elle propose non seulement, à l’image de MyCFO aux Etats-Unis, de fournir des conseils intégrés et hautement personnalisés, couvrant l’ensemble du domaine de la gestion de patrimoine, conseils juridiques et fiscaux à l’appui, mais elle s’ouvre aussi sur la découverte de produits désormais accessibles au particulier. Ainsi en va-t-il des fonds de fonds, trop méconnus, spécialisés en capital-investissement et offrant des solutions aux investisseurs souhaitant profiter des opportunités du capital-investissement sans gérer en direct un engagement financier dans des fonds. L’initiative d’123Venture en France va dans ce sens. Les fonds de fonds offrent en effet une meilleure diversification du risque tout en garantissant théoriquement des retours moyens plus élevés que ceux des marchés cotés. Ils offrent surtout l’accès à une expertise rare dans le choix et le suivi des fonds. Aussi, certaines banques d’affaires, telles que CSFB ou Goldman Sachs, se positionnent-elles dans la chaîne de valeur du capital-investissement avec de telles offres.

Bien que perçue comme une ponction indue sur le rendement d’un patrimoine, l’intermédiation, une fois passée la guerre des commissions, redevient attractive. Il reste encore aux intermédiaires à saisir la portée de la mutation de leur métier et d’en profiter, sous peine d’être contraints à mettre la clé sous la porte. Certaines entreprises, à l’image d’Adomos dans le secteur de l’immobilier, ont su montrer la voie en travaillant avec les acteurs en place et en leur proposant des services accroissant la qualité de ceux que l’intermédiaire fournit à sa clientèle demandeuse de prestations à la fois abordables et personnalisées. A cet égard, les sociétés de la nouvelle économie ont prouvé qu’elles avaient leur place dans chaque secteur à côté des acteurs traditionnels, en devenant indispensables comme fournisseur d’outils de productivité pour le secteur des services. Le business model de l’intermédiation évolue, mais pas sa finalité qui demeure celle de fournir un service répondant aux exigences d’une clientèle solvable et prête à payer pour un service intégré et personnalisé.

 
 
 
Liens


Entreprises citées

MyCFO


123 Venture


Crédit Suisse First Boston


Goldman Sachs


Adomos


Références bibliographiques

Le guide du non coté
(Ouvrage rédigé par les fondateurs d'123 Venture)

Le Monde - "L'effondrement boursier ramène les entreprises chez leurs banquiers"
(Point de vue complémentaire à celui développé ici)

Le Point - "Et si l'analyste financier faisait enfin son métier ?" 
(Résumé des griefs des petits porteurs contre les analystes)

"Cashing in on Online Financial Services" 
(La situation de la "nouvelle" intermédiation financière aux Etats-Unis)


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